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Chungking Express

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les avis de Cinemasie

14 critiques: 4.21/5

vos avis

92 critiques: 4.28/5



Xavier Chanoine 4.25 Des scènes d'anthologie dans un contexte conventionnel.
Tenebres83 3.75
Sonatine 4.5 Superbement nostalgique : Inoubliable
Ryoga 5
Ordell Robbie 4.5 Un film qui se fout de place au Musée. Tant mieux.
MLF 4.25
jeffy 4.5 Immensement simple
Ghost Dog 5 Avoir 25 ans à Hong-Kong. Par le plus talentueux et le plus européen des cinéas...
François 4.5 Extraordinairement ordinaire dans son scénario, extraordinaire dans sa réalisat...
Flying Marmotte 4
Elise 3.5 Film tres sympa ; je me suis beaucoup amusé avec la prestation de Wong Fei, tre...
drélium 3 La magie ne marche pas à tous les coups
Anel 5
Alain 3.25
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Des scènes d'anthologie dans un contexte conventionnel.

Chungking express est un film souvent décourageant. Déjà, par où commencer? Kar-Wai nous envoie à la face deux histoires qui n'ont rien à voir entre elles et réussit toujours par les rendre finalement complémentaires et plus ou moins attachantes. Dans l'immédiat, on aime l'ambiance dark, presque apocalyptique du premier "épisode" entre une tueuse à gage vêtue d'une perruque blonde et un jeune bleu policier, mais on préfère carrément la légèreté dépoussiérée de la seconde histoire, entre la magnifique Faye Wong et Tony Leung, étonnant en flic nonchalant.

Kar-Wai démontre une nouvelle fois les aspects d'un amour possible/impossible entre deux personnes qui n'ont rien en commun, mais à force de se croiser, arriveront à s'aimer malgré leur différence. Voyez plutôt le genre, un flic est amoureux d'une tueuse professionnelle, tandis qu'une serveuse somme toute naturelle bossant dans un restaurant trouve des sentiments pour un officier qui n'en a rien à fiche. Et pourtant, fruit d'efforts et de tenacité, ils y arriveront...

Wong Kar-Wai a qui l'on doit quelques petites perles du genre, chronique d'un quotidien banal mais finalement emprunt d'une grande richesse fondamentale et surtout formelle, explose littéralement la face du 7ème Art grâce à sa réalisation hallucinante. Certes c'est du caméra sur épaule, un chouya tremblotant, mais cette technique live que l'on pourrait comparer à du voyeurisme, peut sans problème rivaliser avec la classe d'un scope campé sur des railles. Kar-Wai a ainsi le don de placer son objectif à des endroits précis, proposant une variété hallucinante et ainsi donnant au spectateur cette sensation d'être partout. Admirable, formant presque plusieurs "clips", son montage fait la part belle aux séquences anthologiques, pourtant toute bêtes. Assez particulière, la poursuite saccadée dans des ruelles étroites, gavées de monde, accentuée par un filtre bleu; de même que ces formidables et inoubliables séquences d'avion avec Tony Leung sous la musique California Dreamin' et celle du "grand ménage" de Faye Wong sous l'extraordinaire chanson "Dreams" réadaptée par la sublime Faye Wong de sa voix de sirène.

D'un film assez inégal, voir carrément pataud, Kar-Wai s'adjuge d'un véritable chef d'oeuvre uniquement avec 3 scènes. Parlez moi de réalisateurs arrivant à un tel stade de géni avec "pas grand chose", à savoir filmer un quotidien franchement banal. Une scène de grand ménage, un flic qui joue avec un avion en plastoque et une chevauchée furtive dans des rues bordeliques, hop, Chungking express marquera à vie uniquement avec ces trois séquences clés. Bien sur, certains prendront énormément de plaisir à voir la complémentarité des deux histoires, et surtout la facilité avec laquelle Wong Kar-Wai réussit à captiver avec trois fois rien, en amorçant une musique pour telle scène et la répéter pour qu'elle s'ancre bien dans nos mémoires. C'est peut être ça le talent?

 



05 septembre 2006
par Xavier Chanoine




Immensement simple

Deux histoires collées, filmées dans un Hong-Kong quotidien pour un film somme toute moins noir que Fallen Angels, moins passionné qu'Happy Together, moins rythmé que Days of Being Wild, moins universel qu'in the Mood for Love, moins esthétique qu'Ashes of Time. Mais il y a de la magie dans ce film, un envoûtement qui prend place progressivement. Cela commence avec le personnage de Brigitte Lin, insaissable et pourtant si tangible, presque palpable. Et puis vient le miracle dès la première scène de Tony Leung et Faye Wong, ensuite tout simplement j'aurais aimé que le film ne s'arrète jamais tellement il y a du plaisir à savourer chaque plan, chaque note. Faye Wong est simplement unique et inoubliable. La magie du cinéma existe, et Wong Kar Wai est incontestablement celui qui peut transformer une simple histoire en un trésor qui peut vous tenir chaud au coeur pendant très longtemps. Merci M. Wong Kar-Wai.

21 avril 2004
par jeffy




Avoir 25 ans à Hong-Kong. Par le plus talentueux et le plus européen des cinéastes de l'ex-colonie british de la décennie

Brigitte Lin sous la perruquePourquoi Wong Kar-Wai est-il le plus européen des cinéastes de Hong-Kong? Tout simplement parce qu'à la différence de la plupart de ses compatriotes, il privilégie les personnages à l'histoire. Ce sont les acteurs qui donnent vie à l'histoire et non le contraire. Ce sont les personnages qui changent sous l'influence de l'histoire et non l'histoire qui change sous l'influence des personnages. Et ici, l'histoire, c'est la quotidien terrassant, c'est Hong-Kong la fascinante. C'est pourquoi il n'y a pas vraiment de scénario, enfin plutôt pas de scénario classique comme on en a - trop - l'habitude. Tout repose sur les 4 personnages principaux et sur ce qu'il leur arrive au jour le jour, comme dans la vie finalement.

4 personnages principaux donc: à commencer par Brigitte Lin, au look "perruque blonde et grosses lunettes de soleil noires" devenu culte (repris notamment dans Postman Blues), truande à la petite semaine qui va faire craquer le flic Takeshi Kaneshiro et sa personnalité un peu décalée. Leur histoire dure la moitié du film. Et puis, dans la continuité, WKW consacre la deuxième moitié de son film à un autre couple "probable" composé d'une part du talentueux Tony Leung Chiu Wai, flic lui aussi, et de la craquante Faye Wong, serveuse à la sandwicherie du Chungking Express. Faye Wong... le genre du fille dont on tombe amoureux au premier regard: cheveux très courts, visage délicat et joie de vivre indescriptible - cf. quand elle se trémousse sur "California Dreamin"-, bref une merveille. Aussi j'ai failli cyber-étranglé François de ne pas lui avoir consacré une fiche signalétique quand, une fois calmé, je suis allé faire un tour sur l'IMDB et j'ai appris qu'elle n'avais tourné que dans 3 films! Celui-là (1994), le film japonais Final Fantasy 8 (1999) et le prochain WKW en tournage, 2046. C'est vraiment surprenant que sa prestation n'ait pas intéressé plus de monde que ça !!!

Mais le film serait limité s'il s'arrêtait à ces 2 love-stories contrariées (la deuxième est la plus charmante). Heureusement, c'est WKW qui dirige les débats, et WKW n'est pas du genre à se refuser la moindre innovation artistique ni la moindre trouvaille.

chut....Des trouvailles? Il y en a à la pelle, et elles sont parfois géniales: les 30 boîtes d'ananas à consommer de préférence avant le 1er mai, le bipper qui ne sonne pas un jour d'anniversaire important (combien se reconnaîtront ici...), le fait de courir pour évacuer toute l'eau de son corps afin de ne pas pleurer, Takeshi qui aborde Brigitte en lui demandant "vous aimez les ananas?", le rendez-vous au Californie,... Des innovations artistiques ? Il y en a également à la pelle: flous artistiques, caméra au poing, montage chaotique, courses-poursuites ou fusillades tellement stylisées et culottées qu'on se les repasse à l'infini, et toute cette débauche d'originalité de mise en scène est pour moi loin d'être gratuite. Qu'on repense à la magnifique scène d'ouverture ou à LA course-poursuite dans le métro: comment mieux exprimer la folie de ces courts instants que par un montage abérrant et des flous exagérés à outrance ? De plus, ces scènes s'inscrivent directement dans le rythme de vie effréné de Hong-Kong qui est implicitement à leur origine; enfin, comme on connait bien maintenant le bonhomme, on sait que l'un de ses thèmes favoris est le souvenir: et si ces deux scènes n'étaient que des souvenirs mis en image? Et comment rendre à l'écran un souvenir si ce n'est avec des flous et des images saccadées?

Ananas et TakeshiComme d'habitude chez WKW, la musique joue un rôle non pas illustratif, mais vraiment fondamental dans le film, en s'y inscrivant véritablement. WKW a le don de faire ressortir de l'inconscient collectif des chansons cultes un peu oubliées; il a le don de coller une musique terrassante sur la scène d'ouverture et une voix tremblotante sur la scène du métro. Bref, il a le don.

Donc, en résumé: des personnages charmants, identifiables et inoubliables, des thèmes universels traités intelligemment (la rencontre, le souvenir, la ville, l'amour), une bande-son magique et un parti-pris visuel culotté et fascinant. Tous les ingrédients que j'aime au cinéma et qui me font dire que Chungking Express mérite une place de premier rang dans toute vidéothèque digne de ce nom.



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Extraordinairement ordinaire dans son scénario, extraordinaire dans sa réalisation et son interprétation

TonyCe film semble ordinaire parce que le film traite d'histoires ordinaires, des petits tracas de la vie de tous les jours. Certes, ces histoires possèdent des touches extraordinaires, mais que n'importe qui pourrait rencontrer. Un flic tente de recoller les morceaux de son histoire d'amour, une serveuse tombe amoureuse d'un flic. Chacun tente de se construire sa petite histoire d'amour.

D'un autre côté, la façon de filmer ces extraits de vie chaotiques est extraordinaire. Prenez John Woo et ses films. Tout est extraordinaire: les situations, les sentiments, la façon de filmer. Tout est amplifié jusqu'à l'exagération. Le tout garde une certaine cohésion, avec un récit facile à suivre, des plans très recherchés mais qui permettent de tout comprendre, des conclusions précises. Chez Wong Kar-Wai, c'est le chaos, mais de la vie de tous les jours. Les récits sont ordinaires, et pris au milieu pour se terminer parfois à peine plus loin, toujours au milieu. La façon de filmer est chaotique, mais inspirée, géniale dans ses meilleurs moments. Certes, il faut s'habituer à ces cadrages bizarres, ces filtres de couleurs (comme dans Happy Together), l'utilisation de la musique. Mais lorsque tout est réussi aussi bien que dans Chungking Express, difficile de faire autre chose d'applaudir.

On a l'impression que parfois Wong Kar Wai réussit à voler un instant de la vie des personnages grâce à sa caméra, comme s'il avait posé un camescope dans la pièce, était parti, et avait laissé la vie reprendre son cours pour en capturer la beauté et la simplicité. Il ne cherche jamais à faire un beau plan, le plan devient beau de lui-même parce qu'il sonne tellement vrai. Le cinéaste ne rend pas les choses belles, les choses rendent le plan du cinéaste beau parce qu'il a su en voir la beauté et la capturer. Les choses étant ici non pas Faye fait l'aviondes objects mais des sensations, des sentiments, de la vie tout simplement. Au final, dans tout ce chaos, l'ensemble trouve une certaine cohésion, la vie de ces gens est là devant nous, nous la comprenons si parfaitement, et nous laissons emporter par ces histoires si simples et pourtant si passionnantes.

L'utilisation de la musique est une nouvelle fois primordiale, avec l'arrivée notamment de "California Dreamin'" à un instant pivot du film, où tout bascule en un plan fixe, en fait une seconde, un regard, un instant de la vie de tous les jours. C'est cet air qui rythmera toute la deuxième partie du film, celle que j'ai préférée. La première partie, avec Takeshi Kaneshiro et Brigitte Lin dans les deux rôles principaux est très bonne mais je trouve l'histoire moins touchante que la seconde. De plus l'histoire de Brigitte Lin est la moins intéressante du lot, car moins ordinaire finalement. On se passionne moins pour cette histoire pourtant originale de malfrat féminin que pour les trois autres histoires de coeur. Tony Leung et Faye Wong nous livrent un grand numéro, avec Tony qui parle aux objets de sa maison et la jolie Faye toute en regards par dessus ses lunettes. Une nouvelle fois avec Wong Kar-Wai, ce sont ces petits détails qui font tout le charme de ses films, de Takeshi qui achète tous les jours une boîte d'ananas périmée au 1er mai, à Faye qui change les objets de l'appartement de Tony... C'est tellement simple, c'est tellement vrai qu'il est impossible de ne pas sourire de bonheur devant un tel miracle de cinéma.

Tony pensifN'oublions pas le casting, magnifique du début à la fin. Brigitte Lin possède le rôle le plus ingrat, le moins expressif du lot, mais c'est tout le caractère du personnage. D'un autre côté, Takeshi Kaneshiro est excellent dans un rôle un peu naïf auquel son visage se prette bien. Tony Leung est touchant dans sa solitude pas si triste que ça, et Faye Wong, ah la jolie Faye, elle rayonne réellement dans le meilleur rôle du film. Une nouvelle fois, Kar-Wai a réussi à réunir un casting fabuleux, notamment par le fait que ces acteurs sont capables de jouer des rôles aussi communs que ceux-ci.

Notons aussi qu'il s'agit à ce jour du dernier film de Brigitte Lin, beauté fatale du cinéma de Hong-Kong, qui, comble de l'ironie, termine sa carrière dans un rôle où des lunettes de soleil et une perruque cache le visage et le regard dont la beauté a fait leur renommée.

Enfin, saluons le doublage français pour une fois très bon, ce qui mérite des applaudissements tant la plupart sont franchement sabotés (voir les Jackie Chan...).



22 octobre 2000
par François




La magie ne marche pas à tous les coups

Quel étrange engouement pour un film si parcellé au goût si pastel. J’avoue avoir eu beaucoup de mal à digérer ce puzzle si ordinaire malgré toutes ses qualités indéniables. En particulier, le passage soudain d’une histoire à l’autre m’a semblé plus que douteux, surtout que cette première relation plutôt pimentée s’arrête net au premier quart du film pour ne jamais réapparaître ni même être évoquée et passe la main à une histoire parallèle d’une banalité quasi somnifère (oui je sais, ç’est pas somnifère, c’est la beauté du quotidien et de la vie... mais là, c'est non).

C’est donc la relation entre Tony Leung et Faye Wong qui terminera le film sans que jamais Wong Kar Wai ne revienne sur la mystérieuse Brigitte Lin. Certes sa (non) relation avec le petit jeunot Kaneshiro n’avait (peut-être) aucun avenir vu le contraste entre cette businesswomen peu ordinaire et ce pauvre petit policier bien incapable de dompter la bête. Certes la vénéneuse Brigitte Lin et son naïf jeune policier paumé répondent bien au couple Tony / Faye Wong bien plus à même de développer une réalité sensible, tout comme le reggae roots de la première partie répond au bien popeux California dreaming. Certes, plus que dans tout autre Wong Kar Wai, inutile de trop attendre une histoire mais qu’en est-il au final ?

Au final, Faye Wong glande ou s’amuse toute seule le plus souvent, est heureuse de s’imaginer chez elle à mettre le souk (ooouuu, c’est y pas mignon), se repasse inlassablement "California dreamin’" (vraiment gonflant à force surtout qu’elle pousse le volume comme personne). Impossible de nier que Wong Kar Wai a tourné Chungking express à l’arrache au milieu du tournage des Cendres du temps avec un scénario trop long à l’origine qui englobait les personnages des Anges déchus, et qui se retrouve amputer d’une certaine cohésion propre à tous ses autres films.

Tony parle avec une serviette ou un savon (!?) et est tout aussi soupe au lait que Kaneshiro finalement. Le passage où il apprécie enfin "California dreamin’" fait éclater son manque flagrant de personnalité à la manière de Max Cherry dans Jackie Brown (normal, Tarantino est un grand fan) mais ne le rend pas pour autant sympathique. Au contraire, il en devient encore plus commun.

Le parallèle bien préparé entre la fiction rebelle auquel Kaneshiro croit un instant et la réalité bien plus ordinaire tendance pop teenager est bien vu. Les personnages sont d’une beauté simple et familière indéniable : Faye Wong, le quatuor majeur bien sûre mais aussi les seconds rôles comme le cuisinier qui est excellent. Les petits instants collés bout à bout sont beaux eux aussi dans leur candeur et leur fraîcheur. La réalisation est extrêmement sensible. Bref, oui c’est sans aucun doute très beau mais en même temps tellement vain.

La simplicité n’est plus le mot d’ordre au final. C’est plutôt l’effet qui prend le dessus, le simple effet pop même. Ce goût de liberté à l’odeur de gros bonbon qui s’étale dans la mise en scène et les personnages et enterre tout relief trop longtemps attendu. Le plus gros défaut de Wong Kar Wai prend le dessus : ça n’avance à rien. Il n’est même pas question de personnages qui font l’histoire comme dans les sublimes Nos Années Sauvages ou Happy together, mais simplement de personnages parfaitement ordinaires qui font des choses supra ordinaires et n’interagissent que très rarement finalement. Et encore, même pas personnages mais personnage car à côté de Faye Wong qui monopolise largement l’écran (oui, elle est rayonnante mais quand même), Tony Leung n’a plus qu’un rôle de flic passif très joliment interprété mais désespérément attentiste.

Bref, ç’est beau mais sacrément pas motivant. Les petits instants futiles restent pourtant un bon souvenir de liberté et de fraîcheur mais ce Wong Kar Wai ne m’a pas captivé, loin de là, largement vain en effet.

15 février 2005
par drélium


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